L'observatoire de la censure et de la liberté de la presse a été créé en 2004 par Orpheon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti et réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes. C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure et l'autocensure. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression. En 2009, le prix a été décerné à une troupe birmane de Mandalay : les Moustaches Brothers.
Interdits de jouer dans la rue... les Moustache Brothers font du théâtre en appartement.
Avant, la troupe arpentait le pays avec des danseurs, musiciens, acrobates, marionnettistes issus du clan familial pour animer les fêtes par des spectacles mêlant tradition, burlesque et satire politique. Mais le 8 août 1988, l'armée ouvrait le feu contre des manifestants qui dénonçaient la situation économique et politique. La situation se durcit, l'humour des artistes n'est plus au goût des militaires. En 1989, Par Par Lay, figure de proue du groupe, est emprisonné près d'un an. "Nous sommes devenus plus prudents, mais nous ne voulions pas nous laisser intimider", déclare Lu Maw. En 1996, Par Par Lay fait une blague de trop lors d'une réunion autorisée du parti d'opposition d'Aung San Suu Kyi, la Ligue pour la démocratie (NLO). Dans la salle: des militaires déguisés en sympathisants. Toute la troupe est arrêtée. Pour Par Par Lay et Lu Zaw, le verdict est implacable : sept ans de travaux forcés, peine commuée en cinq ans et demi de prison grâce à l’intervention d’Amnesty International.
À leur sortie de prison, en 2001, les militaires les forcent à signer un papier qui les engage à ne plus se produire. Mais lorsqu'ils reviennent chez eux, une grande fête les attend. "Nous avons joué une semaine dans la rue sans maquillage ni costume et nous disions : nous ne jouons pas, nous montrons comment ce serait si nous jouions."
Depuis, les Moustache Brothers jouent chaque soir pour les touristes, au rez-de-chaussée de leur petite maison de Mandalay. Ils exhibent les chaînes que portait Par Par Lay dans le camp de travaux forcés, se moquent des dirigeants, les accusant de vivre dans des palais ostentatoires financés par le trafic de drogue et d'armes, alors que le peuple s'appauvrit.
"Autrefois, on appelait les voleurs des voleurs, aujourd'hui, on les appelle des membres du Parti.» Par Par Lay.
"Pourquoi les Birmans vont-ils en Thaïlande pour se faire soigner les dents ? Parce qu'en Birmanie, on n'a pas le droit d'ouvrir la bouche." Lu Maw.
Source: ici
Le blog de l'observatoire de la censure: ici
Amnesty International Belgique: http://www.amnestyinternational.be/doc/article15277.html
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