Vu à: Chalon dans la rue - 24 Juillet 2009
En allant voir la dernière production de KompleXKapharnaüM – Memento – nous ne savions pas à quoi nous attendre. Le programme officiel – laconiquement – ne laissait rien transparaître si ce n'est quelques mots évocateurs et aguicheurs: projection, pochoirs, bandes sons percutantes, discours politiques... Un petit goût de révolte, vous avez dit?
Des indices s'étaient glissés dans la ville dès l'ouverture du festival: des silhouettes de papiers collées sur les murs, des avis de recherche... énigmatique... Le spectacle commence sur les chapeaux de roue, 5 furieux déboulent dans la rue derrière leurs caddies tunés : platine, vidéoprojecteurs et on imagine plein d'autres surprises. Des tracs subversifs , diront certains, sont distribués. Les caddies se rassemblent, le spectateur se cherche: comment se mettre pour bien y voir, dois-je m'assoir? Les questions métaphysiques du festivalier bien dressé. Le show commence, les caddies se dispersent, la foule se rue pour les suivre... bousculade, les rues sont étroites, un petit début d'anarchie ?
Des vidéos sont projetées sur les murs de la ville, des reportages, un système d'exploitation genre celui d'un téléphone portable, des sms sont envoyés et reçus. Et chaque silhouette précédemment aperçue dans la ville devient une station de ce pèlerinage d'éducation des foules. En bande-son, des réminiscences de De Gaulle à radio Londres se font entendre pour ensuite être remplacées par la fameuse bande son percutante du programme. Les extincteurs deviennent des bombes de peintures à faire palier de jalousie n'importe quel graffeur. Le spectacle déambulatoire pose la question de la résistance sous toutes ces formes, que ce soit la folie – le grain de sable qui fait dérailler la machine - , l'évolution darwinienne ou encore le devoir de mémoire quand aux évènements de 1961. Il est à noter que chaque Face du spectacle est différent et la face A aborde plutôt les questions de l'esclavage par exemple. La forme déambulatoire, et la perte de repère que cela entraine pour le spectateur, est adéquate à ce spectacle, il eut été hypocrite que de vouloir réveiller le spectateur en ayant le cul assis par terre. La résistance est encore aujourd'hui nécessaire, les attaques sont peut-être plus pernicieuses ou plus cachées que ce qu'elles purent être mais nous ne devons pas laisser faire. Les extrait de journaux télévisés de nos jours nous le rappelle. Ce spectacle est une guérilla urbaine mené à coup de beats féroces, dans la lueur des feux de Bengale.
Il est difficile de décrire un tel spectacle mais on en ressort particulièrement ragaillardi et en se posant beaucoup de questions
KomplexKapharnaüm est un collectif d'artistes qui, depuis 1995, cherche à abolir les frontières entre spectateurs et acteur – à en faire un spectacteur? - , entre espace public et espace de représentations par la multiplication des médiums.
Le site de la compagnie: http://www.komplex-kapharnaum.net/
Spectacles précédents:
SquarE (2000)
PlayRec
Memento (2009)
Prochaines dates:
19 et 20 Août 2009 au Festival d'Aurillac
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